Au centre de Paris, sa haute silhouette veille sur l’île de la Cité depuis plus de 850 ans. Pourtant, ce joyau de l’art gothique a traversé bien des heures sombres, en bon témoin de l’histoire de France. Du Moyen Âge au XXe siècle, découvrez sept secrets du passé de la cathédrale Notre-Dame de Paris en attendant sa réouverture le 7 et 8 décembre prochain.
La 5e génération sur l’île de la Cité
La première pierre posée en 1163 pour la construction de Notre-Dame de Paris n’était en réalité pas tout à fait la première ! Pas moins de quatre églises se sont succédées sur le site de l’île de la Cité : une église paléochrétienne du IVe siècle dédiée à Saint Étienne, une basilique mérovingienne, une cathédrale carolingienne et une cathédrale romane. Ses pierres ont été réutilisées par les bâtisseurs de Notre-Dame qui ont aussi parfois donné une seconde vie aux ornements. Ainsi la Vierge en majesté sur le portail du tympan Sainte-Anne, chef d’œuvre de l’art roman date des années 1140-1150 !
Napoléon Ier et Victor Hugo "unis" pour sauver Notre-Dame
Saviez-vous que la cathédrale a bel et bien failli disparaitre au XIXe siècle ? Dévasté par la Révolution française, transformé en temple de la Raison puis en entrepôt, l’édifice était si délabré qu’il fut question de le détruire purement et simplement. C’était sans compter sur Napoléon Ier qui s’y fit sacrer empereur en 1804, et surtout sur Victor Hugo qui avec son grand roman éponyme publié en 1831 milita en faveur du sauvetage de Notre-Dame de Paris ! L’écrivain a été entendu : en 1845, un vaste programme de restauration fut confié à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc.
Des rois sans têtes pour les sans-culottes
Pendant la Révolution, les statues de la galerie des rois de Juda, au-dessus du portail, disparurent et furent décapitées. Les sans-culottes pensaient qu’il s’agissait des rois de France ! Il a fallu attendre 1977 pour que l’on retrouve 21 des 28 têtes dans le chantier d’un hôtel particulier du 9e arrondissement. Entre-temps, le portail avait retrouvé ses statues à la faveur du programme de restauration. Et les têtes originales sont désormais exposées au musée de Cluny, le musée national du Moyen-Âge.
Un intrus parmi les apôtres
Les statues des 12 apôtres entourant la flèche de la cathédrale ont toutes été réalisées au cours de la restauration par Viollet-Le-Duc dans le style du XIIe siècle. Mais l’architecte s’est permis une audace de plus : il s’est représenté sous les traits de Saint Thomas contemplant son œuvre ! Pour la petite histoire, Saint Thomas est le saint patron des architectes…
Chimères anachroniques
Alors que les gargouilles aux allures d’animaux fantastiques prolongeant les gouttières datent bien du Moyen-Âge, les chimères qui peuplent les hauteurs de l’édifice sont nées de l’imagination et des lectures de Viollet-Le-Duc. La plus célèbre de ces étranges bestioles diaboliques, la Stryge, "l’insatiable vampire" allégorie de la luxure, inspirée par une gravure de Charles Meryon, est devenue l’un des emblèmes de l’imagerie de la capitale.
Un coq pieux
Le coq qui couronne la flèche entièrement reconstruite au XIXe siècle, n’est pas une girouette comme les autres. Depuis 1935, il contient une relique de Saint Denis, une de Sainte Geneviève et même un fragment de la Sainte Couronne d’épines rapportée par Saint Louis en 1239. Monseigneur Verdier, alors archevêque de Paris, avait voulu en faire un paratonnerre spirituel protégeant les fidèles ! Trop endommagé par l'incendie du 15 avril 2019, ce dernier est remplacé par un coq doré. Dessiné par Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques français, ce coq aux ailes de feu "rappelle sur la cathédrale peut renaître de ses cendres" selon son créateur. Installé au sommet de la flèche en 2023, ce nouveau coq, symbole emblématique de la cathédrale Notre-Dame de Paris cher aux français contient les reliques sauvées de l'incendie. Un tube scellé contenant le nom des presque 2000 personnes ayant participé à la reconstruction de la cathédrale a également été inséré dans la sculpture du coq lors de sa bénédiction avant qu'il soit disposé sur la flèche.
De la reconstruction à la réouverture
Le 15 avril 2019, l'effroi a saisi le monde entier devant les images de l'incendie qui dévorait Notre-Dame de Paris. Cependant, très vite, l'émotion a laissé place à la détermination et la reconstruction à l'identique pour redonner vie au symbole historique que représente la cathédrale. Grâce aux efforts et au travail des ouvriers et artisans du chantier, le parvis et la crypte archéologique de l'île de la Cité reçoivent de nouveau le public depuis 2021. En 2022, ce fut au tour du célèbre Pont au Double qui enjambe la Seine. Et en 2023, la flèche surmontée de son coq a retrouvé sa place dans le ciel parisien tout comme la croix du chevet, l'ange à la Trompette et les cloches de la tour nord. Tout s'accélère, mais il faudra attendre le 7 et 8 décembre 2024 pour pouvoir redécouvrir l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Par Anne-Claire Delorme
Journaliste voyageuse. anneclairedelorme@yahoo.fr